Billets d'humeur
Par Ellen Weigand, fondatrice de masexualite.ch
Humeur du jour
N'EST PAS SPECIALISTE EN SEXUALITE, NI SEXOLOGUE QUI LE PRETEND!
16/11/2020 – Parler de sexualité ou enseigner dans ce domaine est aujourd'hui devenu une mode, une vague sur laquelle surfent bon nombre d'opportunistes, se nommant eux-mêmes des professionnel-le-s spécialistes, "sexologues", "sexologues cliniciens", créant des "centres de..." , voire des "centres suisses..." ou "instituts de recherche..." et autres "centres de formation spécialisés en..." (des termes non protégés, et que n'importe qui peut donc utiliser sur son enseigne, son site internet, ses pages sur les réseaux sociaux, etc.), donnant conférences, cours professionnels, ateliers et autres séminaires, ainsi que des consultations individuelles et de couple.
Comme il est difficile de distinguer les moutons noirs dans le troupeau, avant de vous laisser séduire par de telles appellations tape à l'œil, il est recommandé de s'informer auprès de professionnels spécialistes certifiés (médecins, centres de santé sexuelle des hôpitaux, médecins cantonaux, associations professionnelles, instituts et enseignant-e-s universitaires, planning familial, etc.) sur le sérieux des personnes et groupes qui les arborent et d'exiger de voir leurs diplômes, CAS, etc.
Enfin, rappelons qu'il est essentiel de consulter en cas de difficultés ou troubles sexuels, tout comme d'en apprendre plus sur la sexualité de manière générale - à condition que ce soit fait par des personnes ayant la formation et l'éthique professionnelle indispensables.
A défaut, le remède peut être pire que le mal.
Ellen Weigand, directrice www.masexualite.ch
Bon à rappeler
Les troubles sexuels ne se traitent pas dans les médias
21/12/2019 – Désormais, les médias ont découvert l’attrait des sexologues pour leur public. Parler de sexe n’a-t-il pas toujours fait vendre...? Si bien qu’ils sont nombreux à avoir leur spécialiste prodiguant informations et conseils.
Intention louable, certes. Encore faut-il qu’il s’agisse vraiment d’un professionnel, sachant ce qu’il peut transmettre efficacement dans une rubrique qui s’adresse à un large public.
Entre conseils approximatifs, voire erronés, et généralités malvenues pour des troubles ayant des causes très individuelles, certains de ces «spécialistes» peuvent faire plus de mal que de bien aux hommes et femmes souffrant de troubles sexuels, comme le déplore par exemple Sylvain Mimoun (Antiguide de sexualité, Ed. Bréal, 2012):
«Pire, s’ils se contentent de suivre un conseil qui ne marche pas pour eux, ou pensent qu’il n’y a qu’une seule solution à leur problème, celle donnée par le sexologue expert, les voilà encore plus démunis qu’avant!»
Extrait du livre "Ma sexualité (homme)"
Quand le sexisme s’inscrit dans les manuels de médecine et autres cas de sexisme, à dénoncer!
23/03/2018 – La sexisme et l’harcèlement sexuel sont hélas des affaires courantes dans le milieu médical et hospitalier.
Et il n’est pas toujours facile de le dénoncer pour celles qui en sont victimes, employées ou patientes. Mais tant qu’elles ne le feront pas systématiquement, ce “droit de cuissage” subsistera, tout comme les abus et le harcèlement sexuel toujours largement répandus dans notre société.
Ainsi le Manuel pratique d’anesthésie, ouvrage de référence pour la profession, paru en 2015, signé par le Dr Éric Albrecht, médecin associé au Service d’anesthésiologie du CHUV à Lausanne (CH) va être retiré à cause de ses illustrations sexistes (voir 24heures du jour). Dont celle d’une patiente sur la table d’opération, en position d’examen gynécologique, blonde, cheveux détachés qui porte du rouge à lèvres, une épilation intime façon ticket de métro et est pourvue d’une poitrine voluptueuse (image ci-dessus).
Difficile de ne pas penser que cette représentation correspond à l’image qu’à l’auteur de la femme et des patientes! C’est du moins l’avis de ceux qui l’ont dénoncé.
“Univers patriarcal et sexiste”
Si le principal responsable dit ne pas avoir eu conscience du caractère sexiste de son ouvrage, comment est-il possible que les autres personnes ayant participé à la réalisation de ce manuel (relecteurs, maison d’édition, etc.) ne s’en soient pas aperçues?
On est ainsi en droit de se demander s’ils étaient tous de sexe masculin. Ou si les femmes impliquées n’ont pas osé donner leur avis... Comme l’a souligné Léonore Porchet, députée au Grand Conseil, dans Le Régional: C’est à nouveau un système qui perçoit l’objet sexuel avant la patiente.» Et l’élue de dénoncer un univers «patriarcal et sexiste.» «Il est difficile pour les femmes de faire leur place professionnellement dans le milieu. Il y a un réel plafond de verre. Et de tels dessins créent un environnement de travail dégradant pour elles.»
Mais ce n’est là qu’un triste épisode de plus dans le traitement sexiste dont beaucoup de femmes encore font l’objet dans le milieu médical, ici et ailleurs. Et il est temps qu’elles se révoltent! Comme l’ont fait récemment des internes et externes, dont une majorité de femmes, de l’hôpital Purpan de Toulouse (F), réunis en collectif, en dénonçant une fresque qui ornait depuis huit ans un mur proche de la cantine de l’internat. La fresque représente « les dirigeants de l’hôpital en habit de moine, aux côtés de femmes nues et présentées comme des objets de fantasme, avec des lesbiennes, des positions sexuelles».
Le temps de la révolte contre le sexisme en milieu médical est largement arrivé
Après deux mois de discussions vives et l’alerte, par les étudiants, de la ministre de la Santé, la secrétaire d’État chargée de l’égalité hommes-femmes et le maire de Toulouse, également président du conseil de surveillance de l’hôpital, la fresque a enfin été décrochée.
L’affaire de la fresque pornographique de Clermont-Ferrand
Une affaire qui a été suivie par la réaction des employées d’autres hôpitaux français où on retrouve des tableaux et fresques sexistes dites d’humour carabin - humour lourd, graveleux et sexiste.
Et qui suit, entre autres, l’affaire de la fresque pornographique du CHU de Clermont-Ferrand, montrant carrément un viol collectif, accrochée dans la salle de garde à l'internat (image ci-contre). L’histoire avait fait un tollé jusque dans les hautes sphères du gouvernement français en 2015 .
Ce n’est qu’en s’insurgeant le plus souvent possible contre de telles illustrations, mais, et surtout, contre tous les propos graveleux et sexistes, les traitements inégaux des femmes employées dans le médical et les soins, et bien sûr le harcèlement sexuel, qu’on pourra y mettre fin.
Ne pas céder à l’auto-intimidation
C’est évidemment souvent perçu comme risqué par les professionnelles du médical qui “oseraient” ainsi défendre et réclamer leur juste droit. Mais c’est justement sur cette auto-intimidation que comptent les auteurs de ces agissements – pour ceux qui sont conscients de ce qu’ils font. Sachant que bien d’autres pensent toujours tout simplement qu’en tant qu’homme, médecins de surcroît, ils sont naturellement “supérieurs” et ont tous les droits, y compris celui de cuissage.
Les patientes aussi victimes
A noter enfin que les patientes aussi sont victimes de tels agissement, tel ce médecin qui a dit devant une patiente et tout son équipe “elle est bien roulée, celle-ci”*. Là aussi, il n’est pas toujours simple de s’insurger contre celui qui est censé nous soigner, veiller à notre bien-être, ou contre le “grand patron” qui fait des remarques déplacées. Comme ce gynécologue qui, en sortant le bébé lors d’une césarienne sous anesthésie générale a lancé: Ah c’est une fille, elle a une belle chatte, comme sa mère !, dénoncé sur le site Paye ta blouse, (qui réunit des témoignages de sexisme en milieu hospitalier français). Ou pire encore, les nombreux médecins abusant sexuellement de patientes fragiles.
Poursuivons le chemin
Mais tant que nous les femmes, nous nous tairons, le sexisme et toutes ses dérives survivront, dans le milieu médical et partout ailleurs. Les mouvements #MeToo et “BalanceTonPorc” nous ont ouvert la voie pour y mettre fin, en sensibilisant davantage les autorités, corps de métier, etc. A nous de poursuivre sur ce chemin pour que la chape de plomb ne retombe pas sur ces agissements inacceptables, voire criminels!
Ellen Weigand, journaliste, auteure, sexperte, responsable du site www.masexualite.ch.
- A lire aussi: “On ne dit pas non au médecin, c’est comme ça” (liberation.fr, 29.10.17 )
Sources: 24heures.ch (23.03.18), Paye ta blouse, libération.fr On ne dit pas non au médecin, c’est comme ça (29.10.17)
Le maquillage pour vulve et vagin, ou comment on continue à soumettre la femme!
31/07/2017 – Tabou pendant longtemps, voilà que désormais la vulve fait l'objet de toutes les convoitises... commerciales! S'il vous plaît Mesdames, de tous âges, ne cédez pas à ce si triste, ridicule marketing qui n'a rien à faire avec la sensualité, la tendresse, l'érotisme.
Non, c'est juste une affaire d'argent, et aussi et toujours, une nouvelle forme de soumission de la femme, de son anatomie intime, qui reste ainsi dans l'imaginaire collectif comme quelque chose de honteux, de pas beau à l'état naturel, et donc à "travestir". Une volonté de soumission insupportable et inacceptable!
Produits nocifs pour la santé
Sans parler du fait que du point de vue purement médical et de la santé, il est à parier que les produits proposés sont tout sauf anodins. En tous cas, ils ne sont pas naturels, ni bio, ni "free from" je ne sais quelles mixtures bon marché, mais revendues à prix d'or.
La nature nous a toutes faites différentes
Et si vous êtes parents de jeunes filles, prenez le temps de leur expliquer que la nature nous a toutes bien faites et que nous sommes par nature justement toutes différentes, avec des vagins, des petites et grandes lèvres ou encore des clitoris de formes variées, comme nous avons toutes des nez et des oreilles, des yeux ou encore des mains différents, et qu'il n'existe pas une forme plus "normale" qu'une autre!
Ellen Weigand - masexualite.ch
Extrait d'un article d'aufeminin.com suisse du 27.7.2017:
"Après l’épilation intégrale, la labiaplastie ou dernièrement les paillettes vaginales, les industriels ont trouvé un nouveau moyen de faire penser aux femmes que leur vagin n’est pas assez bien, les cosmétiques pour vulve.
En 2017, le corps féminin souffre encore de nombreuses discriminations. Les publicitaires créent sans cesse des peurs totalement infondées aux femmes. Quand ils ne sont pas occupés à leur faire croire que l’odeur des règles peut incommoder ceux qui les entourent, ils décident de vanter les mérites du maquillage pour embellir la vulve.
Derrière cette tendance, les sœurs Kardashian. Adulées et imitées par des milliers de jeunes filles, ces dernières ne cachent pas le fait de recourir à la cosmétique vulvaire. En mars dernier, Khloe révélait ainsi utiliser un rouge à lèvres hydratant afin de prendre soin de ses lèvres intimes. Mais c’est surtout Kim, la véritable star de la famille, qui est à l’origine de ce phénomène. Fin 2016, Mario Dedivanovic, son maquilleur officiel, publiait un cliché de lui, la tête entre les jambes de la célébrité avec la légende, "Vous pensiez que je travaillais uniquement sur le visage ?"
Extrait de la description d'un article de "cosmétique" en vente sur internet
A l'en croire, avec ce produit miracle, pour enduire zones intimes (délicatement nommées "Chatte"), mamelons et même la bouche... on pourrait dessaler le goût de l'intimité féminine, voire le rendre plus sucré, tout en blanchissant la couleur de la peau, et en empêchant la peau de vieillir et de devenir "bigorneau" - là je dois dire que je ne comprends pas - sans doute un problème de traduction "Google-translate", comme pour d'autres mots de ce descriptif ahurissant... . Voici le texte, copié tel quel sur un site de vente en ligne:
"blanchiment essence crème
rose lèvres baume vagin soins de dessalement mélanine Maquillage Permanent et essence De fleur de Cerisier
ingrédients principaux:
extrait de fleurs de cerisier roses géranium lavande.
cerise blossom est bon pour pores de contraction et graisse équilibre, qui est riche de nature vitamine A, vitamine B, vitamine E, Cerise blossom en laiton est bon pour la peau de beauté, promouvoir la muqueuse, Promouvoir le métabolisme de sucre.
Rose vient de La Bulgarie blanchir la peau, l'humidité, anti-bigorneau, anti-vieillissement soulager la pression.
géranium Viennent de La Bulgarie. équilibre secret, favoriser la circulation sanguine,
améliorer la peau, améliorer obstruer les pores, la peau grasse, améliorer walter rétention gonflement.
lavande Promouvoir cellule régénérer, supprimer imprimé variole, améliorer le sommeil et menstruation problème, soulager la douleur sur le muscle,
tous les ingrédients proviennent de à base de plantes.
AUCUN EFFET SECONDAIRE!
sûr, à base de plantes extraits, aucun produit chimique
...
Endroit approprié et Direction de l'utilisation: lèvres, mamelon, aréole et chatte où besoin à être rose."
Nous avons encore trouvé un autre produit vendu à Hongkong et livré en Suisse, son nom indique qu'il soigne... les ovaires, et serre le vagin..:
"Parties intimes Soins Ovaire Huile Essentielle Spa De Massage Blanchiment Supprimer Mélanine Serrer Vagin Soins Du Corps Composé Huiles Essentielles"
(sic!)
E.W. - masexualite.ch
COUP DE GUEULE
L'homophobie d'Etat - un crime contre l'humanité
En Équateur, il existerait près de 200 « cliniques » destinées à "guérir" l’homosexualité, en n'hésitant pas à user de la violence, du viol "curatif". Une effrayante réalité que la photographe Paola Paredes dénonce en images – des reconstitutions – après s’être infiltrée dans une de ces cliniques, prétextant que ses parents voulaient l'y interner. A voir et lire sur ParisMatch.be.
Notre coup de gueule-réflexion au sujet de ces crimes contre l'humanité, pratiqués de 1001 façons à travers le monde:
13/06/2017 – Les photos de Paola Paredes ne sont que des reconstitutions, mais tout aussi insoutenables dans les émotions qu'elles éveillent que la réalité décrite par les victimes de ces lieux terribles, sordides, bafouant la dignité humaine en Equateur.
Ce n'est, hélas, qu'un exemple supplémentaire de l'homophobie d'état, règnant ici et ailleurs, de ce crime contre l'humanité, contre les Droits de l'Homme et de la Femme, que bien des pays tolèrent, voire soutiennent et auquel ils participent. Et qui reste même aujourd'hui encore inscrit dans leurs lois, pour une cinquantaine d'entre eux, condamnant les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe.
Or, condamner quelqu'un pour son orientation sexuelle et/ou vouloir la changer, c'est aussi absurde que de brimer quelqu'un pour la couleur de sa peau, par exemple, l'un et l'autre étant une donnée de la nature tout simplement, et donc impossible à changer.
Ce non respect des droits fondamentaux est clairement documenté par la dernière édition, 2017, de « Homophobie d’État – Une enquête mondiale sur le droit à l’orientation sexuelle: criminalisation, protection et reconnaissance » de l'ILGA (ASSOCIATION INTERNATIONALE DES LESBIENNES, GAYS, BISEXUELS, TRANS ET INTERSEXES).
Qui notait que le mois dernier 72 états continuaient à criminaliser l'activité sexuelle consentie entre personnes de même sexe, et que dans 45 de ces états, la loi s'applique tant aux hommes qu'aux femmes* - car oui, en plus, l'homophobie d'Etat fait des distinctions entre le sexe et la sexualité féminins et masculins.
Des états membres de l'ONU condamnent également
Parmi eux, huit états membres de l'ONU (ou des parties d'entre eux), appliquent encore la peine de mort pour ces personnes, des gens comme vous et moi, pourtant taxés "légalement" comme une entité humaine qui serait ainsi totalement à part et donc punissable pour cela. Et dans cinq autres états, la peine de mort les menace techniquement, mais - heureusement! – n'est jamais appliquée. Dans 14 autres pays, la peine maximale peut varier d'une sentence de 14 ans d'emprisonnement à la perpétuité.
L'enquête sur l'homophobie d'Etat inclut également une catégorie concernant les organismes non gouvernementaux se préoccupant des questions de l'orientation sexuelle: dans 25 pays, une oppression active empêche la formation, l'établissement ou l'enregistrement de telles ONG, et 22 pays ont des lois de "moralité" ou de "promotion" visant activement à empêcher la promotion publique et l'expression des réalités homosexuelles ou trans.
Avec pour terrible exemple faisant l'actualité, la Tchétchénie et ses camps où les hommes homosexuels sont enfermés, torturés, voire assassinés. Comme le déplore Renato Sabbadini, directeur exécutif de l'ILGA "avec l'utilisation croissante de l'utilisation d'appareils mobiles, le déploiement de ces lois devient toujours plus sinistre. L'actuel cas de la Tchétchénie nous montre le plus récent exemple de tels abus, avec des survivants ayant exprimé leur peur que les acomptes de réseaux sociaux d'hommes perçus comme gays ou bisexuels soient hackés et utilisés pour identifier et contacter d'autres qui n'ont pas encore été arrêtés."
Et si c'était l'un de vos proches?
Les homophobes qui me liront ricaneront, m'insulteront peut-être, voire pire. En guise de réponse, je les invite simplement à réfléchir, à s'imaginer un instant que leur meilleur/e ami/e, l'un de leurs deux parents, leur sœur ou frère, leur enfant se révèle un jour être homosexuel, bisexuel, trans ou intersexe...
Sources: parismatch.be; ilga.org
- L'enquête sur l'homophobie d'Etat documente ses relevés des pratiques légales à travers le monde par des cartes en plusieurs langues, que vous trouverez ici
© Ellen Weigand, www.masexualite.ch
Enquête mondiale sur l'homophobie d'Etat
Quand la presse « maltraite » certains sujets essentiels
22/04/2017 – « 41% des femmes victimes de harcèlement sexuel », voilà un titre qui réduit, simplifie, généralise allègrement, comme le reste de l’article paru avant-hier dans 20 Minutes et reprenant une « sondage » et article de la version alémanique du quotidien. Cela attire certainement des lecteurs, mais ne sert en rien aux victimes de ces actes ni à les prévenir.
Un titre attrayant, mais qui ne reflète la vérité que partiellement.
A première vue, en lisant le titre, on pourrait croire qu’il s’agit d’un article sur une statistique officielle. Or, en réalité, le journal relate les résultats d'un sondage en ligne réalisé par un quotidien – une pratique des médias toujours plus utilisée en matière de thèmes ayant trait à la sexualité. Un sondage qui n’a donc pas été mené par des scientifiques. Et impossible de savoir, en lisant l’article quelles sont précisément les questions auxquelles les participante/s au sondage ont répondu, ni la méthode d'analyse des résultats.
L’article parle d’abus sexuels, viols et harcèlement sexuel, mais là aussi, on manque de précision. Ainsi, lorsqu’une femme répond avoir été victime d’abus sexuel, parle-t-elle de son enfance ou à l’âge adulte ? Pour rappel, la loi suisse, elle, est très précise à ce sujet, et parle d’«Infractions contre l'intégrité sexuelle », dont peuvent être victimes des adultes et des enfants, et qui prennent des formes multiples et comprennent des actes sexuels sans contact corporel, avec contact, ou avec pénétration, tels les actes d’ordre sexuel avec des enfants, la contrainte sexuelle, le viol, le viol conjugal ou encore les désagréments causés par la confrontation à un acte d’ordre sexuel, les abus de la détresse, etc.
Attiser l'insécurité et la peur
En lisant la suite de l’article, après les résultats chiffrés, présentés sans mise on perspective, du nombre de femmes ayant été victimes d’infractions contre leur intégrité sexuelle, on s’aperçoit que l’angle principal de l’article est le sentiment de sécurité, ou plutôt d’insécurité des femmes en Suisse – ou comment augmenter le sentiment de peur dans la population… Avec, en bonus, les interviews d’experts, ou plutôt quelques phrases citées, édifiantes de simplissitude et de généralités banales comme: « Il existe encore trop d'hommes qui ne respectent pas les femmes et leur intégrité corporelle ». Ou « Celles âgées entre 18 et 29 ans sont les plus nombreuses à être victimes de violences sexuelles parce qu'il s'agit de la tranche d'âge qui sort le plus. » Voilà qui ne va certes pas les rassurer, ni leurs parents - et faut-il en conclure qu'il ne faut plus sortir...!
Et l’article continue en rappelant « au passage » le nombre d’étrangers qui ont commis de tels actes selon les statistiques, avec divers commentaires d’experts dont celui-ci, dont on admirera aussi l’inutilité tant il est général: «Au final, il s'agit toujours d'une personne qui veut exercer son pouvoir, peu importe sa nationalité. »
Enfin, je relève, en fin d’article, la citation d’un membre UDC de la commission de la politique de sécurité du National, qui « propose quant à lui d'augmenter la sécurité dans certains endroits pour que les femmes se sentent plus rassurées. Mais ce qui est encore plus important à ses yeux c'est de ne pas critiquer et condamner après coup les interventions de police. » Voilà la phrase qui clôt cet article inutile, mais probablement très lu, sur une note encore une fois peu constructive pour les victimes.
Mais tentons d’en faire quelque chose de constructif pour notre part. Car, la réalité, le fait que la part de femmes victimes de tels actes inadmissibles et criminels soit importante, voire plus importante que ce qui ressort de ce sondage, est indéniable, et connue depuis un certain temps déjà.
Ce n’est donc pas du tout un fait nouveau, qui aurait été « révélé » par cette enquête, comme écrit dans cet article, mais un grave problème de notre société, qui préoccupe bon nombre de scientifiques et responsables politiques, des actes criminels qui détruisent la vie de milliers de femmes et de jeunes filles au quotidien.
L'enseignement à en retirer, et les infos complémentaires indispensables en la matière, qui auraient méritées d’être données dans cet article, c'est notamment comment réagir en cas de harcèlement et d'agression sexuels.
Et à qui demander de l'aide, du soutien pour surmonter cela au mieux; comment faire, à qui s'adresser lorsqu'on est témoin de tels actes, comment les dénoncer lorsqu’on en est victime, etc. Car ce n’est pas en sous-entendant qu’en sortant on s’expose à de tels actes, ou que, ma foi, il existe des cultures et des hommes qui ont besoin d’ainsi exercer leur pouvoir sur les femmes, qu’on va les aider. Ni rassurer les femmes de manière générale.
Quant aux experts qui proposent comme solution de donner des cours de respect des femmes aux jeunes garçons à l’école, j’ai envie de leur rétorquer que j’espère vivement que le respect d’autrui, quel qu’il soit, fille ou garçon, fasse déjà partie des programmes scolaires de base. Mais avant et surtout, c’est aux parents de le leur inculquer – c’est peut-être à certains d’entre eux, des parents donc, surtout qu’il faudrait l’enseigner d’abord !
En résumé, et malheureusement, de tels articles n’ont guère de valeur informative, n’apportent rien de nouveau, pas la moindre plus-value, pas le moindre conseil, face à des problèmes de société graves telles les infractions contre l’intégrité sexuelle – des infractions dont sont aussi victimes des hommes et jeunes garçons, d’ailleurs.
© Ellen Weigand, www.masexualite.ch
Plaidoyer pour l'égalité et le respect: Michelle Obama dénonce le sexisme de Donald Trump
15/10/2016 – Une fois n'est pas coutume, www.masexualite.ch parle de politique et des élections présidentielles américaines. Car, comme le relève Michelle Obama dans ce discours prononcé il y a deux jours, les propos et le comportement sexiste, les abus dont Donald Trump s'est rendu coupable, vont au-delà de la politique, mais montrent comment encore bien des hommes pensent que les femmes sont leurs objets sexuels. Et elle souligne que les propos de cet homme sont également t une insulte contre les hommes qui traitent les femmes avec respect et décence, comme leurs égales qu'elles sont.
Voilà un discours d'une femme pour les femmes, notre droit d'être traitées avec respect, comme tout être humain, n'en déplaise à d'affreux hommes de Neandertal considérant encore la femme comme un être inférieur de la société, à l'intellect déficient, un objet sexuel qu'ils pourraient traiter et maltraiter comme ils veulent, utiliser à leurs seules fins et mépriser.
Michelle Obama ne parle pas que de celui qui fait la Une et prétend à diriger les Etats-Unis, mais de tous les hommes qui rabaissent les femmes sans gêne ni limites, avec obscénité et violence, sûrs de leur droit de surcroît.
Discours universel
Un discours universel, et qui vient des tripes d'une femme qui exprime l'effarement, le dégoût, la peur et la révolte que des millions d'autres femmes, et hommes, doivent ressentir. A écouter et partager sans modération! ET chapeau bas, Madame Obama! #TrumpSexisme
Voir le discours, traduit par RTSinfo
Ellen Weigand, www.masexualite.ch
Sexologues et médias ou quand notoriété ne rime pas forcément avec qualité
30/08/2015 – Pourquoi certains médias suisses recourent-ils à des étrangers pour leurs rubriques sexo, alors que notre pays en compte de tout aussi compétents? Parce que la sexologie est entrée dans le star système.
La pionnière du genre, la regrettée sexologue Américaine Dr Ruth, avait ouvert la voie à une médiatisation de la profession de chroniqueur/se sexo – ce qui explique aussi la présence actuelle sur la scène médiatique de toujours les mêmes personnes.
Hélas, l’omniprésence, qu’il s’agisse d’experts étrangers ou suisses, n'est pas toujours garante de sérieux et de qualité des informations fournies. Telles celles données par une de ces «expertes» romandes, ayant indiqué un jour par exemple, qu’un homme devait jouir tous les X jours, sous peine de perdre sa fertilité. Interrogée sur ces sources, ladite spécialiste nous avait répondu que la question était «en effet controversée» et qu’elle ne savait plus exactement de quelle source elle l’avait tirée…
Ou cette autre sexologue ayant participé à une émission radiophonique populaire qui se croyait drôle en demandant si une femme violée dans une série télévisée célèbre n’avait pas ressenti du plaisir (!).
Rappelons encore que le titre de sexologue à lui seul n'est pas garant de la qualité des informations, sachant que sous cette appellation on trouve des médecins sexologues, des psychologues sexologues et d'autres professionnels ayant suivi une formation en sexologie et médecine sexuelle, ou… pas, sachant que le terme de sexologue n’est pas (encore) protégé.
Enfin, en conclusion, citons ce que dit le très sérieux site orientation.ch du métier de sexologue: «Cette profession jouit d'une certaine notoriété en raison des rubriques-conseils publiées dans la presse».
Reste à savoir quelle devrait être la motivation d’un sexologue: la notoriété ou l’aide et le conseil sérieux aux patients?
Ellen Weigand
Le coup de gueule de l'auteure
01/10/2013 – Si ce n'était pas si désolant, on pourrait presque en rire: mon livre "Ma sexualité (femme)" fait l'objet de la censure de la part de certains grands de la distribution suisse (hors librairies donc, qui le vendent déjà à tour de bras) - il n'y sera pas vendu, contrairement aux autres ouvrages de la collection "J'ai envie de comprendre", car il comporte le mot sexualité..!
Voilà une belle hypocrisie de la part d'entreprises qui n'hésitent pas de vendre sans rougir - bénéfices obligent - magazines érotiques et autres films pornos et articles tels que gels lubrifiants ou sextoys, ou simplement des journaux dont les grands titres sont souvent riches en termes bien plus scabreux que celui de sexualité.
Et voilà qui confère du coup un aspect sulfureux à un ouvrage médical, qui se veut simplement un moyen de permettre aux femmes, et aux hommes, de mieux comprendre leur corps et leur sexualité, pour prévenir ou remédier aux problèmes qu'elles, et ils, peuvent rencontrer dans leur vie intime, pour améliorer ou retrouver une vie de couple épanouie et également, aspect crucial, pour prévenir, détecter et soigner les problèmes organiques qui peuvent être la cause de dysfonctions sexuelles.
Au-delà de la présentation de mon livre, voilà qui mériterait un article tant sur l'hypocrisie de certaines entreprises que sur les incompréhensibles tabous prévalant encore dans notre société qui se dit libérée sexuellement.
La sexualité en soi, n'a rien de honteux, c'est la chose la plus naturelle du monde et qui fait tout simplement partie de notre existence et est l'essence même de la vie! Voilà, c'était mon coup de gueule du jour. A bon entendeur!
Post scriptum: Voilà quelques jours que l'un des grands distributeurs qui a refusé de vendre mon livre a annoncé qu'à la demande de ses clients, il allait vendre des vibromasseurs. Allez comprendre... 03/04/2014
Ellen Weigand
Un fait divers secondaire, ou pourquoi la santé sexuelle n’est pas une priorité
© lespacearcenciel.com
19/10/2013
Ce matin dans les «Actualité du jour», on pouvait lire un gros titre sur l’arrestation d’un agent de sécurité aérienne américain, qui avait pris des photos sexys, soit du dessous des jupes des passagères… Heureux monde que celui où une telle non actualité fait les grands titres!
Ou plutôt triste monde, dont les médias osent parler sans gêne de ce genre d’affaires, parce qu’il s’agit d’une certaine «déviance», mais qui ne les confronte pas à leur propre sexualité.
Car c’est souvent le grand silence lorsqu’il s’agit d'aborder des thèmes plus importants, touchant tout le monde, nous renvoyant à notre propre intimité, comme celui de la santé sexuelle des femmes (la plus taboue) et de celle des hommes, de la manière dont fonctionnent nos corps et nos organes intimes et tout le déroulement des rapports sexuels, depuis le désir jusqu’à l’orgasme.
Parce que tout le monde sait comment ça fonctionne, me rétorquera-t-on. Détrompez-vous! Et réfléchissez tous à votre anatomie et à votre vie sexuelle: savez-vous exactement comment vous êtes faits? Ce qui se passe dans votre corps afin que et lorsque le désir s’éveille? Ce qui déclenche l’excitation chez vous, chez votre partenaire, et comment elle se manifeste physiologiquement? Pourquoi parfois vous avez des pannes, pas d'envie, pas d'orgasme et que ce n'est ni grave, ni une faute, ni une fatalité? Et saviez-vous qu’une sexualité épanouie passe par un apprentissage, que ce n’est ni «inné» ni «mécanique»? Alors, votre vie intime a-t-elle pu se développer harmonieusement? La vivez-vous bien au sein de votre couple et échangez-vous sur le sujet avec votre partenaire? …
Voilà quelques unes des questions essentielles pour les lecteurs et lectrices, pour tout un·e chacun·e des plus jeunes aux plus âgé·e·s. Car la santé sexuelle fait partie de la santé tout court. Et vivre une vie sexuelle harmonieuse et épanouie améliore même l’état de santé général et prolonge l’espérance de vie.
Pour conclure, voici une actu du jour qui elle, intéressera certainement tout le monde, et en particulier les seniors.
Ellen Weigand