Extraits du livre "Ma sexualité (femme)"
Mythe et réalité
« Une femme capable d’avoir un orgasme peut toujours être excitée par son partenaire. »
Même si l’excitation féminine a une composante «mécanique» – certaines stimulations pouvant provoquer directement l’excitation – les femmes ne sont pas des machines. La fatigue, les préoccupations du quotidien, le stress, le chagrin, la honte, la colère, l’incapacité du partenaire et bien d’autres facteurs peuvent compromettre, voire supprimer toute excitation sexuelle, même chez les femmes les plus «gourmandes».
(chapitre 6)
Différence entre les sexes : l’apprentissage
La sexualité féminine est plus «intérieure» que celle des hommes. Ne serait-ce pour des raisons purement ana- tomiques: la femme n’a pas un sexe apparent, mais un vagin et un utérus. Et ce sont des terminaisons nerveuses profondes qui lui permettent de ressentir les sensations sexuelles.
(Chapitre 1)
C’est ainsi qu’à la puberté, le garçon découvrira assez facilement sa sexualité et le fonctionnement de ses organes génitaux avec l’érection et l’éjaculation, processus plutôt mécaniques, automatiques. La jeune fille, elle, va commencer sa découverte par les transformations plus visibles de son corps et l’apparition des menstruations.
Le réveil de sa sexualité étant moins automatique, davantage lié à l’émotionnel, elle devra la développer progressivement. Cela en «apprenant» son corps, ses réactions, en s’explorant, en découvrant ses zones érogènes, les caresses et autres stimulations qu’elle préfère et la manière la plus appropriée pour elle d’atteindre l’excitation et l’orgasme, etc. Une découverte essentielle et un apprentissage de sa sexualité qui vont se poursuivre durant toute sa vie de femme, au gré de ses rencontres et expériences sexuelles.
Si elle ne se découvre pas par elle-même – par exemple par gêne ou peur de l’interdit familial, culturel, religieux, etc. – et/ou débute sa sexualité trop tôt, avec un jeune partenaire maladroit et ignorant l’anatomie et le fonctionnement sexuel féminins, elle sera fréquemment déçue. Cette «toute première fois» peut d’ailleurs influencer toute la suite de sa vie de femme.
La sexualité - un concept en évolution
Autrefois, le concept de sexualité, inventé par la médecine et la biologie au XIXe siècle, se limitait aux rapports sexuels et à la procréation. Depuis, cette notion a évoluée, même si de nombreux mystères et tabous subsistent. On les croyait pourtant largement levés depuis la libération sexuelle des années 70. Mais pénétrer dans le secret des alcôves reste délicat.
(chapitre 1)
Certes, la sexualité semble banalisée, omniprésente. Les sex-shops ont pignon sur rue, jouets et accessoires sexuels se vendent au supermarché ou entre ami(e)s et les films érotiques ou pornographiques s’affichent sur le Web.
Néanmoins, parler de ce que jadis on appelait pudiquement « la chose » reste souvent malaisé. Nombreux sont celles et ceux qui peinent à aborder les questions liées à leur vie intime, que ce soit avec leur partenaire ou avec leur médecin. Une difficulté encore accrue lorsqu’il s’agit de parler des problèmes qu’ils rencontrent. Ce malaise face au sexe existe d’ailleurs aussi chez des professionnels de la santé peu disposés à en parler avec leurs patients (→ p. 44).
Or, la sexualité et la santé sexuelle jouent un rôle central dans toutes les étapes de la vie et de la santé en général. Au-delà de la procréation, avoir une vie sexuelle fait partie de l’essence même de tout être humain. Il existe d’ailleurs de fortes évidences scientifiques qu’avoir des relations intimes de qualité et fréquentes prolonge la durée de vie.
Conditions d’efficacité et récidives possibles (chapitre 3)
En moyenne, 70 % des patients (femmes et hommes) qui suivent une thérapie sexuelle réussissent à améliorer leur vie sexuelle et de couple. Un taux de réussite qui devrait également contribuer à convaincre les personnes concernées à consulter un spécialiste.
Méconnaissance, mythes et croyances
A la méconnaissance sur la sexualité et le fonctionnement de son propre corps, s’ajoutent des croyances toujours répandues dans notre société: mythes, clichés, préjugés moraux, culturels ou religieux. Autant d’éléments tenus pour des pseudo vérités, des stéréotypes sur ce que devrait être la sexualité féminine (et masculine).
(chapitre 2)
A force de vouloir à tout prix faire correspondre sa vie sexuelle à ces stéréotypes (par exemple sur la fréquence «normale» à laquelle on devrait faire l’amour, ou encore la manière «appropriée» de jouir – orgasme vaginal ou clitoridien) beaucoup de femmes se créent des stress, des peurs et de l’anxiété inutiles, et s’empêchent ainsi d’avoir une vie sexuelle épanouie.
Prendre conscience de ces croyances peut donc constituer un premier pas vers la guérison du trouble sexuel.
Le désir sexuel féminin (chapitre 4)
Jusqu’au début du XIXe siècle (!), on considérait que les femmes n’étaient naturellement pas enclines à ressentir de désir sexuel et qu’il était l’apanage de l’homme. Le manque de désir féminin n’était donc pas un problème. Il était ainsi naturel que l’homme, lui, éprouve des envies sexuelles qu’il était en droit d’assouvir. Sa partenaire, elle, devait uniquement remplir son «devoir conjugal», qu’elle en eut envie ou non.
Aujourd’hui encore, on trouve des réminiscences de cette conception du rôle sexuel de la femme dans un certain nombre de couples et de cultures, où la femme est obligée ou pense avoir à se soumettre à ce «devoir», malgré elle.