Troubles sexuels féminins - LA DYSPAREUNIE*
Rapports sexuels douloureux
Par ignorance ou par honte, les femmes concernées n’en parlent pas souvent, sauf dans l’anonymat des forums de discussion féminins. Pourtant, les jeunes filles et femmes souffrant de douleurs durant les rapports sexuels ne sont pas rares: selon les études, entre 8 et 21,8 % d’entre elles, de tout âge, souffrent d’une période de douleurs gênantes (dyspareunie) durant les rapports sexuels, et au moins 4 % d’entre elles de façon sévère.
Les rapports sexuels douloureux sont d’ailleurs la première cause de mariages non consommés. Souvent, les femmes souffrant de dyspareunie ou de vaginisme ont un partenaire très patient et tolérant qui accepte de vivre sans sexualité ou sans pénétration vaginale. Dans de tels cas, il arrive que le problème ne soit abordé qu’après des années, lorsque le couple désire avoir un enfant.
La localisation de la douleur
La douleur peut se situer à un ou plusieurs endroits simultanément:
- À l’entrée du vagin (vestibule)
- À l’intérieur du vagin
- Au niveau de la vulve
- Au niveau du périnée
- Au niveau anal et/ou rectal
- Au niveau du coccyx
- Près de l’os pubien, autour de la vessie et de l’urètre
- Au niveau du clitoris
- À la symphyse pubienne ou dans la région inguinale
Dyspareunie profonde ou superficielle
Définition médicale
La dyspareunie est définie comme "une douleur génitale récurrente ou persistante qui accompagne toute tentative de pénétration vaginale (verge, doigts, tampons hygiéniques, etc.) ou lors des mouvements de va-et-vient dans le vagin."
La pénétration est donc possible, mais (très) désagréable. Le trouble provoque une souffrance personnelle et de couple.
La dyspareunie est dite superficielle si le mal apparaît au début de la pénétration et est ressentie au niveau vulvaire (vulve, clitoris, vestibule et vagin). Elle est considérée profonde lorsque la douleur est ressentie dans le fond du vagin, voire jusque dans le bas ventre, quand le pénis touche le fond du vagin.
Sensations de brûlure
Les douleurs superficielles sont souvent décrites comme des sensations de brûlure ou d’irritation, les profondes sont plus sourdes ou aiguës. En fonction de son origine, le trouble peut être accompagné de pertes de sang, de sécrétions vaginales anormales et d’odeurs fortes des zones génitales.
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Notons encore que le problème peut ne survenir que dans certaines positions sexuelles qui permettent une pénétration vaginale très profonde (notamment la position en levrette – pénétration vaginale par l’arrière).
Dyspareunie primaire et secondaire
On distingue également entre dyspareunie primaire et secondaire:
- Dyspareunie primaire: la douleur est présente depuis toujours.
- Dyspareunie secondaire: la douleur est survenue après une période plus ou moins longue de rapports sexuels non douloureux. C'est le type le plus fréquent de ce trouble.
Conséquences sur la sexualité, le couple et la santé
La dyspareunie peut avoir des conséquences tant physiques que psychologiques pour la femme qui en souffre. Physiquement, elle l'empêche souvent d'atteindre l'orgasme. Craignant la douleur, la femme va aussi involontairement, par réflexe, contracter ses muscles vaginaux, ce qui, à la longue, peut conduire au vaginisme.
L'appréhension de la douleur peut même éteindre tout désir sexuel, ou réduire le niveau de son excitation et donc diminuer lubrification vaginale. Ce qui amplifie l’inconfort et la douleur lors de l’acte sexuel – un véritable cercle vicieux!
Pourquoi il ne faut pas tarder à consulter
80% des dyspareunies ont une cause physiologique, plus ou moins grave, et c’est davantage le cas des dyspareunies profondes que des troubles superficiels. D’où la nécessité de ne pas tarder à consulter!
Le médecin pourra déterminer si la cause est organique ou psychologique et/ou relationnelle. Le cas échéant, il enverra la patiente chez un spécialiste, en premier lieu chez un gynécologue.
La dyspareunie risque aussi de se répercuter sur le couple, notamment si la femme n’ose en parler à son partenaire, tentante lors souvent d’éviter les rapports intimes. Avec à la clé aussi des souffrances personnelles: honte et culpabilité, perte de l’estime de soi ou encore dépression.
Quand et qui consulter ?
Si les symptômes durent depuis un certain temps (2-3-mois), il est vivement indiqué de consulter un gynécologue, un spécialiste en médecine sexuelle ou en sexologie, car les causes de la dyspareunie sont très variables et diverses.
Il faut consulter au plus vite en particulier lorsque:
- la douleur survient à chaque relation sexuelle et empêche le plaisir ou l’acte sexuel;
- elle est ressentie au fond du vagin et ne permet pas de poursuivre la pénétration;
- elle persiste après l’acte sexuel;
- elle s’accompagne de démangeaisons, d’écoulements, d’odeurs ou, au contraire, de sécheresse vaginale;
- la crainte anticipée de la douleur entraîne une diminution du désir, de la lubrification vaginale et des contractions involontaires du vagin.
© Ellen Weigand, www.masexualite.ch - Toute reproduction in extenso interdite
*Source: extrait du livre "J'ai envie de comprendre... Ma sexualité (femme)
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Lisez également l'article sur la dyspareunie que nous avons écrit pour Planète Santé, ainsi que celui sur le vaginisme, trouble sexuel féminin qui peut accompagner la dyspareunie.
Une sexologue en parle
La Dr. Karine Paquin, psychologue avec un doctorat en psychologie clinique et une spécialisation en troubles sexuels à Montréal, a réalisé la capsule ci-dessous, pour expliquer au mieux la dyspareunie, et qu'elle nous met gracieusement à disposition.
Source: Facebook, Dr. Karine Paquin, Ph.D., vidéo ajoutée le 16 août 2018